(Pour info : ce texte n’est pas tiré du roman)
Par une matinée radieuse, au tout début de la saison Chemou (le premier jour du printemps), la princesse Néferhotep s’installa sous le grand sycomore du jardin royal. L’air embaumait le jasmin et la brise légère caressait la surface du bassin où fleurissaient les lotus. Elle tenait entre ses mains un précieux papyrus : Ederjeff l’initié.
Ses doigts effleurèrent la surface du rouleau comme si elle ressentait les messages vibratoires d’un autre temps. À mesure qu’elle déchiffrait les symboles sacrés, son souffle se fit plus profond, et son âme sembla se déployer au-delà des murs du palais, au-delà même de cette existence. Chaque mot résonnait en elle comme une vérité qu’elle avait oubliée mais jamais perdue.
« Iset… » murmura-t-elle. Ce nom la frappa comme un écho, comme une mémoire qui n’attendait qu’à être réveillée. Un frisson parcourut tout son ba et tout son ka. Elle vit, à travers les âges, une femme qui avait aimé avec une foi inébranlable, qui avait traversé avec sa flamme jumelle l’ombre et la lumière. Était-ce Éderjeff, ou était-ce une façon de lui dire qu’elle aussi avait vécu une telle rencontre avec un être cher à son âme ?
Les pages du temps semblaient s’effacer sous ses yeux, et elle sentit en elle une connexion indéfectible avec ce passé qui était peut-être sien. Chaque passage lui parlait de chemins qu’elle avait parcourus, d’enseignements qu’elle avait entendus, de regards croisés dans d’autres vies. Le fil d’or du destin, tissé dans l’éther du temps, vibrait en elle.
Un serviteur passa, mais elle ne l’entendit pas. Un chat sauta sur ses genoux, mais elle ne le sentit pas. Tout son être était suspendu à cette révélation silencieuse, à cette conscience élargie qui lui murmurait que rien ne s’efface, que l’amour, la sagesse et l’âme sont éternels.
Alors, elle ferma les yeux. Et dans le souffle du vent, dans le murmure du sycomore, elle crut entendre une voix douce et lointaine lui dire :
« Oui, il n’y a pas de hasard si tu as ce papyrus entre tes mains. Je voulais te faire retrouver dans la mémoire du temps, ce que nous avons vécu ensemble toi Maâtaton et moi Penrê. Leur histoire est la nôtre à peu de chose près et elle est celle de bon nombre sur cette Terre. Rappelle-toi que tu es poussières d’étoile. »
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, le papyrus avait disparu et le chat ronronnait fort sur ses genoux.
PS : la version hiéroglyphique n’est plus disponible, ne la cherchez pas. Mais si le cœur vous en dit, la version française est à votre disposition (papier et ebook).
