(2ème extrait du roman)
« Maître Amret posa ses deux mains sur deux hiéroglyphes qui se trouvaient à environ 5 coudées royales de hauteur. Un passage secret s’ouvrit sur un escalier qui conduisait dans un sous-sol caché du temple.
Tous les cinq descendirent cet escalier plutôt sombre, en silence. Seules des torches, tout en bas des marches, permettaient d’en éclairer très succinctement la descente, surtout pour ceux qui fermaient le cortège.
Derrière eux la porte se referma. Ils savaient que ce jour était un jour que l’Histoire ne retiendrait pas, mais dont l’école des mystères se souviendrait éternellement.
En bas des marches, Pharaon, le prince, Imhotep et leur hôte, se retrouvèrent dans une petite salle carrée entourée de grandes coupes de feu.
Les bas-reliefs représentaient le monde de la dualité et le face-à-face entre les forces positives et créatrices, personnifiées par Osiris et son fils Horus, et la puissance destructrice et chaotique incarnée par Seth : les deux forces étant nécessaires à l’équilibre cosmique. Le sol était volontairement en terre battue.
Dans une alcôve en face d’eux se trouvait une fausse porte, caractéristique courante des temples pour décourager les pilleurs et autres intrusions profanes.
Sur la droite, une statue d’environ 5 coudées représentait Horus à la droite de Pharaon. Celle-ci cachait un passage dérobé.
Le prêtre appuya simultanément dans un renfoncement à l’arrière de la cheville gauche d’Horus et de la cheville droite de Pharaon. Les deux statues glissèrent sur le côté pour laisser voir une salle plus grande, magnifiquement décorée.
Elle était recouverte de bas-reliefs décrivant le passage des trois portes de l’initié. Celui-ci évoluait du monde profane vers le monde spirituel, ce qui permettait de comprendre l’importance de la dualité pour expérimenter les opposés, et ainsi les sublimer dans l’unité du cœur vers l’illumination.
En son centre trônait un lapis-lazuli d’au moins 2 coudées, de forme octaédrique, qui dégageait une énergie impressionnante. Il fallait être en harmonie avec cette force sous peine d’être immédiatement pris de violents maux de tête, allant jusqu’à l’évanouissement.
La géométrie sacrée des artisans-initiés-constructeurs du temple était le langage du cœur. Le nombre d’or, cette divine proportion, était scrupuleusement respecté.
La première salle, la salle carrée, représentait la Terre, ses proportions respectant parfaitement le cube.
Ils venaient d’entrer dans la suivante qui représentait la reliance au cosmos. Cette deuxième salle de forme hexagonale, évoquait la divinité en soi, poussant ainsi le visiteur à lever le voile qui obscurcissait son âme, et à entreprendre rapidement les changements nécessaires à une communication fluide et limpide avec le divin en lui.
Le regard émerveillé du jeune prince s’arrêta sur le mur opposé à l’entrée de la salle.
Il contemplait la concrétisation de ce pour quoi il avait été préparé. C’était comme si toutes les pièces d’un même puzzle venaient en un instant de se rassembler. Son ka et son ba vibraient à l’unisson avec son akh.
Un gigantesque œil d’Horus en or massif se tenait juste devant lui, au centre d’une nouvelle porte relativement imposante.
Les deux battants ne possédaient pas de poignées, ni de serrure. Seul un contour creux semblait servir de système d’ouverture. Les flammes des lampes à huile l’éclairaient précisément dans cette quasi-obscurité.
Les deux statues d’Horus en forme de faucon, assises là paraissaient vivantes. Quel que soit l’endroit où se trouvaient les invités, ils avaient l’étrange sensation que les yeux les fixaient et lisaient en eux. Amret sourit, très satisfait de cette création avec laquelle il se sentait pleinement connecté.
L’énergie était si puissante que le prince s’évanouit. Amret le retint avec l’aide d’Imhotep et posa deux doigts entre ses yeux et au niveau du cœur. Le prince inspira bruyamment, revint à lui puis se remit debout comme si de rien n’était.
Lorsque tous atteignirent la fréquence adéquate, la porte s’ouvrit d’elle-même. Tout n’était qu’une question de vibration.
La luminosité de la pièce suivante était plus forte. Le prince se retourna et vit son père, le prêtre, Imhotep et Amenhotep fils de Hapou en habits de lumière. Leurs corps, trois fois plus grands, dépassaient les murs qui eux-mêmes n’avaient plus de densité.
Il leva les yeux et se rendit compte qu’il voyait jusqu’à la surface, ce qui devait être une des nombreuses petites cours du temple. Quelle légèreté, quel bien-être cela lui procurait ! Quelle extase !
Il sentit une main se poser sur son épaule. Pharaon avait patiemment attendu avec Imhotep et le prêtre, que son fils expérimente cet état.
Leur hôte détacha sa croix ânkh, l’apposa dans la forme creuse située sur la porte et appuya dessus. Un petit panneau s’ouvrit dans la partie droite de celle-ci.
À l’intérieur se trouvait un sceau cranté. Il tourna sept fois à gauche, sept fois à droite et de nouveau sept fois à gauche quand un cliquetis se fit entendre. Le battant de la porte s’ébranla et celle-ci s’ouvrit. »